Marie Hénocq est étudiante
en arts appliqués. Elle a connu Stani Nitkowski en 1998. Après avoir découvert
son travail dans un catalogue à la Halle Saint-Pierre, Marie Hénocq écrit
à Stani Nitkowski. Pendant un an, ils échangent une correspondance. Depuis
1999, Marie fait de fréquents voyages à Angers passant plusieurs jours
avec Stani à l’occasion des vacances scolaires. Durant ces brefs séjours,
Marie a consigné sur des petits carnets des phrases et des dessins. Elle
était encore avec Stani en février 2001 juste après la mort de Flavien.
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Stani
dans l'atelier d'Angers,
29 novembre 1995
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Il est des hommes
qui vous bouleversent parce qu'ils touchent le plus profond de l'être
;
de l'Homme dans l'humanité : Stani a capté des vérités
universelles.
Belliqueux, il croyait en la révolution, en la jeunesse.
J'avais devant mes yeux Artaud, Soutine, Cendrars, Van Gogh ; du même
sang, de la même chair... Stani les aimait tant.
Et son pays, la Pouèze, son village : " la lande de terre
inculte " qu'il fit jaillir en irruption volcanique dans ses toiles.
Il est de ceux qui croient aux forces telluriennes.
Je revois son tendre visage de moineau avec son regard d'aigle, qui voit
loin.
Curieux, il voyait tout.
Poète, musicien : écraser les notes de son orgue, pousser
des dionysiaques, chuchoter des énigmes ou des secrets : Stani
était généreux.
Pour moi, Stani Nitkowski n'est pas tout à fait mort, il nous écoute
dans la grande aimantation.
Je me souviens des odeurs dans son atelier, du fauteuil rouge, du lino
témoin des giclures, griffures, ratures, du grand arbre qui nous
salue.
Plus qu'un initiateur,
Stani étai mon âmi.
Marie Hénocq

Portrait de mon orgue
à musique, encre sur papier, 15 novembre 1983, coll. particulière
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