Christian Curtil a connu Stani alors qu’il était étudiant. 
Il conduisait Stani chez le Docteur Dukan à Paris pour préparer l’ouvrage Écrit avec son propre sang.
Il est resté très proche de Stani jusqu’à la fin.

 

Chez Stani Nitkowski, le corps n'est pas objet de haine.

Le corps est souffrant, défiguré ; les années passant éviscéré et dépourvu de ses vertèbres, mais il demeure un corps de chair et de sang, un corps de vie, d'ailleurs sexué, érotisé même, étranger aux fétichismes mortifères. 

Le corps que nous livre Stani - son corps car c'est bien d'une offrande sacrificielle qu'il s'agit - est violent et sincère, grave et gai, apaisé et drôle, mais d'une absolue sobriété car il n'y a rien chez lui d'exhibitionniste et l'obscénité lui est insupportable. 

Semblant avoir vaincu l'angoisse d'être, et renoncé à trouver des réponses aux questions qui ne peuvent en avoir, il conçoit le corps non comme une esthétique mais comme la recherche sans cesse renouvelée de sa réalité.

Ainsi, pas d'apitoiement, pas de banalisation, ni surtout de faux-semblant car si le corps est volontiers jouet, les règles en sont posées à l'avance et il n'est pas question de tricher.

Comment d'ailleurs tricher quand la crucifixion, la mort, le crime, le délabrement physique, le saignement, l'humour, la rage, et le désir sont autant de pulsions de vie qui innervent sa peinture et nourrissent son obsession d'humanité.

Son suicide est donc sa dernière œuvre car il aimait la vie dans toute son expression et la mort en est l'une d'elle.

Christian CURTIL
Mai 2001